Trimestriel – n° 263– 8 € – 10 FS – 11 $CAN
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Le numéro 263 de la Revue Quart Monde dont le titre est : “Démocratie fatiguée, démocratie régénérée ? ” sera envoyé durant le mois de septembre 2022 aux abonné·e·s.
Introduction
Notre démocratie va mal : abstention massive lors des élections, méfiance à l’égard de celles et ceux qui représentent la population dans les assemblées, les syndicats ou associations, difficulté de trouver des personnes désireuses de s’engager au service de la cité, émergence de mouvements contestataires qui quelquefois poussés par le désespoir tournent à des formes de violence, méfiance à l’égard des médias traditionnels et repli sur des médias sociaux où dominent l’entre soi ou l’invective… La crise de ce modèle construit patiemment, avec des hauts et des bas au cours des siècles, est-elle une fatalité à laquelle se résigner ?
Quelles sont les conséquences sur les plus pauvres de cet état de fatigue ?
Loin de se résoudre à cet épuisement, des femmes et des hommes s’engagent dans un processus de régénération de la démocratie et inventent des voies nouvelles1.
En France, les Conseils citoyens mis en place par la loi Lamy de programmation pour la ville et la cohésion urbaine2, le travail et l’expérience du 5ème collège3 du CNLE4 ont pour objectif de donner un nouveau souffle à la participation citoyenne. La parole des plus faibles doit certes s’imposer pour être réellement entendue, et le chantier reste immense.
En Suisse, la demande de pardon du gouvernement, intervenue en 2013, suffira-t-elle pour assainir les relations entre l’État et tous les citoyens5, en particulier avec les enfants et jeunes victimes de placements arbitraires pendant des décennies ? La Belgique, qui s’est dotée d’un outil de dialogue structurel, le Service interfédéral de lutte contre la pauvreté, a produit onze Rapports bisannuels grâce à la concertation avec une multitude d’acteurs, dont ATD Quart Monde qui, à chaque fois, a apporté une contribution importante6.
« Pour moi, être citoyen c’est être responsable de ses actes », et « Je suis citoyen de moi-même » disent des militants de l’Université populaire Quart Monde7, soulignant ainsi que la responsabilité et le respect de soi amènent à la solidarité, à l’entraide, à la bienveillance et à la fraternité. C’est ce que pratiquent de leur côté les enfants de Bangui qui se sont donné le nom de Parlement des enfants Tapori parce qu’ils mènent une action de plaidoyer pour défendre les droits des plus pauvres d’entre eux8.
L’atelier Lire et écrire numérique d’ATD Quart Monde à Brest tente d’inventer un « laboratoire démocratique » qui fasse école. L’espace de diversité, de mixité culturelle et sociale qu’ils ont créé leur permet d’apprendre les uns des autres l’empathie, la confiance, l’intelligence collective. Cela donne des textes qu’ils partagent en ligne sur leur site9.
Tout espoir n’est pas perdu !
Martine Hosselet-Herbignat
1 Comme en témoignent les réflexions de Laurent Berger p. 8, Laurent Escure p. 27, Arthur Guichoux p. 40.
2 Voir l’article p. 49.
3 Exclusivement composé de personnes en situation de pauvreté ou de précarité accompagnées par des associations. Voir l’article p. 44.
4 Conseil National des politiques de Lutte contre la pauvreté et l’Exclusion sociale.
5 Voir l’article p. 13.
6 Voir l’article p. 33
7 Université populaire Quart Monde d’Île-de-France sur La participation citoyenne, à partir de la question « Quand se sent-on citoyen ? ». Voir p. 4.
8 Voir l’article d’Olga Tusala Katembo, p. 18.
9 Voir http://www.atd-lirecrire.infini.fr/spip.php?article1465, et l’extrait en p. 32 de ce dossier.