Numéro 109 (Juin – Août 2019)

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  • Édito : «Pauvreté durable ou développement durable, le choix nous appartient»
  • La couleur d’un engagement : Agathe et Bruno, alliés engagés entre autres dans deux cellules, ils nous parlent de l’impact du mouvement dans leur vie. Découvrez leur portrait.
  • Durabilité, ne laissons personne de côté.  Au premier abord, durabilité et pauvreté semblent n’entretenir aucun lien, tant les personnes en situation de pauvreté vivent leur quotidien sous le signe de l’urgence. Néanmoins, cette expérience de vie les place dans une position de force quand il s’agit de se prononcer sur une société durable.
  • RIGHT(S) NOW : quand la justice sociale et environnementale descendent ensemble dans la rue. Dimanche 12 mai, plus de 15.000 personnes ont participé à Right(s) Now, la marche pour le climat et la justice sociale organisée par le mouvement citoyen «Hart Boven Hard » et la «campagneTam Tam ». Au sein du bloc consacré à la justice sociale, ATD Quart Monde était présent pour faire entendre les voix que le mouvement représente.
  • Solidarité pénalisée – précarité aggravée nous protestons ! Trois exemples montrent à souhait combien la solidarité familiale est pénalisée. Le statut de cohabitant peut entraîner des conséquences financières majeures. À l’inverse, la solidarité familiale est un soutien fort, un rempart contre la misère. Est-il acceptable que ce statut de cohabitant pèse tant sur les familles ? Notre société doit permettre à chacun de vivre dignement et avec qui il veut.
  • World news : ATD Quart Monde à travers le monde.  ATD Quart Monde n’est pas un Mouvement national, ni même européen, mais tâche d’éradiquer la misère partout sur la planète. Voici quelques nouvelles de militants, alliés, volontaires et amis du Mouvement à travers le monde.
  • Les mêmes droits pour tous ? Le 17 octobre 2018, les membres du groupe d’ATD Quart Monde Centre – La Louvière ont pris la parole pour faire un état des lieux des droits humains en Belgique. Dans ce dernier article d’une série de trois, nous vous invitons à découvrir leur analyse des articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme concernant les loisirs, la vie culturelle et la liberté d’expression.

Édito : «Pauvreté durable ou développement durable, le choix nous appartient»
L’autre jour, alors qu’on parlait de développement durable, une dame fi t d’emblée observer : «La seule chose qui dure, c’est la misère. » Pour elle, cela allait de soi que le développement durable passe par l’éradication de la misère. Elle reprenait spontanément à son compte le premier objectif de la Résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 25 septembre 2015 : d’ici 2030, éliminer complètement l’extrême pauvreté dans le monde entier. De plus, la Résolution mentionne l’engagement formel des nations : nous promettons de ne laisser personne de côté dans cette formidable quête collective. Il s’agit en effet bien d’une quête collective à laquelle chacun, du plus riche au plus pauvre, a vocation de participer. Une quête où l’expérience de chacun est indispensable. Sinon, cette quête se soldera par un échec. Très vite, on a donné quelques exemples de bonnes pratiques qui seraient à la portée de tous : moins prendre l’avion, acheter une voiture propre, isoler son habitation, installer des panneaux solaires, éteindre les appareils électriques… La dame faisait alors remarquer : « Je n’ai jamais pris l’avion de ma vie. Je n’ai pas de voiture. Chez moi, il n’y a plus d’électricité depuis plusieurs mois. La maison est mal isolée et le propriétaire ne veut rien faire… ». Elle ajoutait : « Mon compagnon ne vit pas vraiment avec moi, je risquerais alors de perdre une partie de mon CPAS.. » Jusqu’ici, dans notre pays, les différents niveaux de pouvoir ont encouragé quelques bonnes pratiques en octroyant des primes ou des subsides, mais qui profitent essentiellement à ceux qui sont déjà propriétaires de maison, et certainement pas à ceux qui sont dans la situation de cette dame. Ne risque-t-elle pas d’être laissée de côté si on ne prend pas au sérieux sa contribution ? S’engager dans le développement durable, c’est exiger que les allocations sociales soient portées au niveau du seuil de pauvreté européen [1]. C’est mettre en place un système qui donne un vrai choix aux allocataires sociaux de vivre ou non en famille (ce qui permettrait au compagnon de cette dame de libérer un logement qu’il n’occupe pas vraiment). C’est s’inspirer de la résilience des plus pauvres qui parviennent à survivre en laissant une empreinte écologique moindre, et qui sont les premiers exposés aux risques d’un changement climatique. Au niveau planétaire, une politique de développement durable ne peut atteindre ses objectifs que si elle s’accompagne d’une redistribution des richesses et des matières premières. À défaut, l’objectif numéro 1 du développement durable tel que défi ni par l’ONU «pas de pauvreté» restera lettre morte, ce qui met en péril l’ensemble de la résolution (https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/).
Georges de Kerchove

Partenaire Quart Monde 109

[1]Pour un isolé le seuil de pauvreté européen est de 1115 euros par mois, et pour un couple avec deux enfants (-14 ans) de 2.341 euros.

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