Le 18 février dernier, ATD Quart Monde en Belgique donnait le coup d’envoi de sa campagne nationale Stop Pauvreté, devant la Bourse de Bruxelles. 2017 marquait pour ATD Quart Monde le 30e anniversaire de la Journée mondiale du refus de la misère, les 60 ans d’action contre la misère du mouvement et les 100 ans de la naissance de son fondateur, Joseph Wresinski. À l’occasion de ces anniversaires, le mouvement ne voulait pas se contenter de souffler des bougies. Il voulait mobiliser, inviter les personnes à agir, à rejoindre les acteurs associatifs, culturels, ceux qui agissent localement pour construire une société plus juste. Une société qui tienne compte de ce que peuvent apporter les personnes les plus pauvres et les plus exclues.
Pour le lancement, on voulait être sur l’espace public. On a décidé de ça avec le « groupe pilote », composé de membres du mouvement. Ce groupe a pu donner les premières lignes directrices de la campagne. La plupart des personnes qui étaient présentes tenaient à faire quelque chose sur l’espace public pour démarrer la campagne, pour être visible. Ça faisait écho aux objectifs qu’on s’était fixés d’ouvrir plus le mouvement. (Camille de Monge, co-coordinatrice de la campagne)
L’un des objectifs de cette campagne était de rencontrer de nouvelles personnes et de les sensibiliser sur des questions liées à la pauvreté. La campagne a donné un élan et des outils aux groupes locaux pour mener des actions et organiser des événements, pour que les combats d’ATD Quart Monde soient mieux connus du public et d’autres organisations, et pour redonner une place centrale à la lutte contre la pauvreté.
Pour cela, le mouvement a aussi organisé des stands d’animation dans des festivals culturels. Cela a permis aux membres de réfléchir ensemble à des animations amusantes et dynamiques pour parler de pauvreté.
À Esperanzah!, j’ai beaucoup aimé ce groupe de quelques militants Quart Monde et alliés de Molenbeek, Etterbeek et Sambreville, avec des étudiants du Kap Quart. Très vite, il y a une complicité qui s’est créée. Les gens étaient très contents de travailler ensemble. Je pense que c’était une aventure d’aller à Esperanzah!. On est sorti de notre zone de confort et il y avait donc quelque chose d’excitant. (Camille de Monge, co-coordinatrice de la campagne)
Lieux de la campagne : Bourse de Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Jette, Louvain, Charleroi, Lobbes, Bruges, Floreffe, Ostende, Bredene, Etterbeek, Audenarde, Liège, Dinant, Quaregnon, Huy, La Louvière, Tournai et Renaix.
Des projets culturels ont aussi permis à la campagne de prendre plus de profondeur. Les « 1001 Histoires » ont permis à plusieurs membres issus de la pauvreté et d’autres de partager des récits de vie et de combat dans le but de montrer que les personnes vivant l’exclusion ont des choses à dire et qu’elles se battent pour un autre monde (retrouvez toutes le histoires ici). À côté de l’écriture, il y a eu le chant avec le projet « Quand nos voix s’unissent » qui voulait permettre à des chorales de s’engager au sein de la mobilisation en chantant des chansons de lutte venant des quatre coins du monde. Plusieurs chorales ont répondu à l’appel en chantant quelques-uns de ces chants lors de leurs concerts. La Fédération chorale Wallonie-Bruxelles À Cœur Joie soutient d’ailleurs officiellement la campagne Stop Pauvreté depuis septembre 2017.
L’année est passée. Elle a donné beaucoup de rencontres, de créativité et d’expériences. J’ai fait l’apprentissage de « passeur d’histoires » pour les « 1001 Histoires ». Toutes ces choses, on les a passés et on les digère maintenant. Après, on doit les relancer pour que cette dynamique de travailler ensemble ne s’arrête plus ! (Patrice Bégaux, militant membre de l’équipe des « 1001 Histoires »)
Ces moments de rencontres ont aussi donné l’envie à l’équipe belge de la campagne de faire évoluer son message initial. À la dénonciation de « la violence de la misère » et de l’affirmation de la possibilité de la vaincre, la campagne a ajouté, dans un premier temps, l’importance de la connaissance de l’Autre entre les différents groupes sociaux, considérant ainsi que se découvrir mutuellement est un moyen indispensable pour éradiquer la pauvreté. Le message de la campagne s’est finalisé dans celui de la soirée du 17 octobre à Bruxelles (On a une trop bonne idée !), qui voulait mettre en avant le fait que les personnes vivant la pauvreté se battent déjà et que l’on ne peut se passer d’elles et de leurs idées pour changer le monde.
Dans le cadre de sa campagne « Stop Pauvreté », ATD Quart Monde en Belgique a produit une vidéo de promotion. (crédits : Bryan Declercq)
Finalement, la campagne a été un moyen pour renforcer la présence d’ATD Quart Monde sur les réseaux sociaux et dans les médias. Que ce soit dans la presse, sur Facebook ou les sites web du mouvement, la campagne a permis de « faire du bruit ».
Si ATD Quart Monde en Belgique ne sait pas encore exactement quelles seront ses prochaines campagnes, une chose est sûre : l’expérience de la mobilisation et de la rencontre de nouveaux espaces de lutte est extrêmement fertile, et l’on ne saurait se passer de tels moyens pour créer un monde plus juste !
Antoine Scalliet
Une mobilisation internationale
Lisez ici l’article sur la fin de la campagne au niveau international.