Témoignage logement : Housing Action Day

Ce dimanche, nous avons participé, à Bruxelles et Liège, au Housing Action Day, cette mobilisation européenne qui milite pour des conditionnements de logement dignes pour tous et toutes.

A Liège, Vincent, militant dans notre association, a pris le micro pour témoigner. Voici ce qu’il nous a dit :

“Avec les inondations, les familles vivant dans la pauvreté à Liège ont encore moins de chance de trouver un logement. On sait déjà que les sinistrés sans les moyens ne s’en sortent pas. C’est aussi le cas des personnes qui vivaient dans la pauvreté avant les inondations.

Les inondations ont provoqué une très forte hausse de loyers. Les quartiers où on peut trouver un logement pas cher n’existent presque plus. Il y a trop de demandes et pas assez d’offres. Je suis allé visiter des appartements ou on était 20, 30 personnes intéressées à les louer. Et chaque fois qu’on « rénove » les quartiers, les prix des loyers montent.

Je vois de plus en plus qu’on pratique la division des logements familiaux en collocations pour profiter de la situation — ça fait plus de loyers pour les propriétaires, mais les familles avec enfants ne trouvent plus de logement.

On rend les familles coupables de ne pas trouver du logement. On connait des personnes qui ont eu leurs enfants placés parce qu’elles ne trouvent pas de logement, ou qui sont menacées d’avoir leurs enfants placés si elles ne trouvent pas des logements « décents ». On connaît d’autres qui doivent vivre cachées avec leurs enfants parce qu’elles savent que le SAJ n’acceptera pas leurs logements actuels. Les services ne proposent pas d’aide à ces personnes pour trouver ce qu’il faut.

En plus, avec le fameux statut cohabitant, on interdit la solidarité entre les familles pauvres. Une personne avec les moyens peut accueillir qui elle veut — mais moi, si mon fils était à la rue, je ne pouvais pas l’accueillir sans perdre certains droits.

Personne n’est très intéressé par la sorte des familles très pauvres sans logement. Il ne faut pas mettre les uns contre les autres, mais avec chaque crise qui passe — les inondations, la guerre en Ukraine, nous on a l’impression qu’on recule — qu’on est des oubliés. On n’est pas très à la mode. Avec la chasse aux chômeurs et tout ça, on nous voit comme des profiteurs, des gens qui ne paient pas leurs loyers.

Si on n’affiche plus « pas de CPAS », « pas de mutuelle » dans les publicités, on te dit bien « on ne te veut pas ». Les inondations ont fait que les propriétaires ont beaucoup plus de choix entre locataires. Ils prennent les personnes avec des salaires plus haut.

On ne veut pas être des « prioritaires » par rapport aux sinistrés, aux réfugiés, aux sans-papiers. Mais on ne veut pas non plus être laissé en arrière. Pour nous, la crise du logement et quelque chose qui dure depuis des années.

Quand on voit le nombre de bâtiments vide, de logements en attente d’être réparés, c’est difficile de ne pas se dire que si on voulait on pourrait faire quelque chose.”

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