L’université populaire Quart Monde au Parlement Européen

Depuis 1989, une université populaire Quart Monde européenne a lieu tous les deux ans environ, le plus souvent au Conseil économique et social à Bruxelles. Le 6 février prochain cette université populaire se tiendra au Parlement Européen.

La situation en Europe est préoccupante : les derniers chiffres Eurostat de 2017 indiquent que 113 millions de personnes sont à risque de pauvreté au sein de l’Union Européenne. Malgré une légère tendance à la baisse, l’objectif défini par la Stratégie Europe 2020 en matière de pauvreté et d’exclusion sociale1 est encore très loin d’être atteint.

  • A la veille des élections européennes de 2019, pour ATD Quart Monde il est nécessaire de faire entendre la voix des plus défavorisés et créer un dialogue direct entre les différentes universités populaires Quart Monde locales et les institutions européennes.

En effet, les citoyen-ne-s vivant dans la pauvreté et l’exclusion attendent qu’une Europe plus sociale voie le jour, une Europe qui ne laisse personne de côté.

Or, il est clair que les citoyen-ne-s les plus pauvres sont absent-e-s au sein de l’hémicycle européen et de nos assemblées nationales en général. Cela est évident au niveau des politiques qui sont bien trop souvent éloignées de la réalité et des besoins des populations vulnérables. La pauvreté est ainsi trop souvent abordée en tant que problème économique alors qu’il serait beaucoup plus pertinent de la voir comme un phénomène multidimensionnel. En effet, la pauvreté n’est pas qu’économique : elle empêche les personnes affectées d’exercer leurs droits et leurs obligations les condamnant à l’exclusion.

C’est pourquoi, pour combler ce manque de représentation et pour parvenir à des politiques plus efficaces, il est indispensable de prendre en compte l’expérience et le savoir des personnes qui vivent dans la pauvreté, en créant des espaces tels que l’université populaire Quart Monde européenne où elles entrent en dialogue avec les acteurs politiques européens.

C’est donc avec ces derniers que, le 6 février prochain, des délégués des universités populaires Quart Monde de neuf pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande Bretagne, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas et Roumanie) échangeront sur trois thématiques :

  • Les indicateurs de pauvreté et d’exclusion sociale en Europe : les Objectifs de Développement Durable cherchent à éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions. Mais, actuellement, peu de données permettent d’évaluer l’importance relative des différentes dimensions de la pauvreté ou d’établir des relations entre elles.
    En 2017 l’Union européenne s’est dotée d’un Socle des droits sociaux et y a associé un tableau de bord d’indicateurs. Est-ce que ces indicateurs permettent de mesurer correctement la réalité de la pauvreté et de l’exclusion sociale dans toutes ses dimensions?
  • L’impact des politiques (nationales et européennes) sur la famille pour les personnes vivant dans la pauvreté : certes, l’Union Européenne n’a pas de compétence en matière de politique familiale, mais de nombreuses autres politiques ont un impact sur la vie familiale comme les politiques économiques et sociales, d’emploi, du logement, de santé et d’éducation qui ont toutes des conséquences positives ou négatives pour la qualité de vie des familles. A son échelle, l’Union Européenne possède des leviers que nous pourrions utiliser pour améliorer la situation des plus défavorisés.
  • Le droit à l’existence légale : en effet, de nombreuses personnes en Europe n’ont pas d’existence légale reconnue, elles sont privées de statut ou ont un statut de résidence précaire ou encore elles ne disposent pas de documents de base suffisants pour avoir accès aux mêmes droits que la plupart des gens qui vivent sur le même territoire. Elles n’ont ainsi pas accès, ou de façon limitée, au droit au logement, au travail, à la santé, à la participation ou encore au droit de vote. Ces personnes, le plus souvent, ne sont pas non plus prises en compte dans les statistiques.
    Or, le droit d’avoir une existence légale reconnue est censé être protégé par l’article 16 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui proclame le droit à la personnalité juridique : « chacun a droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique ».

Ce dialogue aura pour objectif non seulement de sensibiliser les acteurs politiques européens aux difficultés rencontrées quotidiennement par les personnes les plus démunies dans ces trois domaines, mais aussi de voir avec eux ce qui peut être entrepris pour améliorer ces situations.

Dans chaque pays participant, les délégués préparent cette rencontre avec celles et ceux qu’ils représenteront en réfléchissant à ces thématiques et en produisant des propositions qui seront mises en dialogue au Parlement européen. Plusieurs ont également répondu à l’invitation de rencontrer un député européen de son pays ou de sa région.

L’université populaire Quart Monde européenne est organisée en partenariat avec :

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