Le Mouvement ATD Quart Monde rassemble tous ceux et toutes celles qui refusent de laisser à l’abandon les personnes en situation de précarité ou d’exclusion sociale. Nous souhaitons dès lors faire connaître à tous les habitants du pays et en particulier à tous les responsables politiques notre soutien à ces hommes et ces femmes sans-papiers, grévistes de la faim à Bruxelles. Officiellement, ils n’ont pas d’existence légale, ils se voient reprocher leur présence, ils sont totalement invisibles et coupables d’être clandestins. Pourtant ils seraient plus de 100.000 dans notre pays. À se débrouiller comme ils peuvent, à raser les murs, à faire des petits boulots de l’ombre pour vivoter, à rendre de menus services pour survivre.
Ces personnes existent et ne peuvent être réduites à une étiquette de sans-papier ou même de gréviste de la faim. Ce sont des êtres humains à part entière qui vivent des souffrances réelles, ignorées par un système politique défaillant. Plusieurs d’entre elles ont osé se rendre visibles, elles ont osé relever la tête. En désespoir de cause, elles ont entamé une grève de la faim et certaines se sont même cousu les lèvres de la bouche en signe d’ultime protestation. Se coudre la bouche alors qu’on n’a jamais été entendu !
Plusieurs militants de notre mouvement ont connu ou connaissent encore une vie très dure et savent ce que c’est de ne pas être entendus. Certains ont vu les regards se détourner d’eux quand ils en étaient réduits à tendre la main pour survivre. Pourtant, nous sommes tou.te.s d’abord des êtres humains avant d’être des personnes vivant la pauvreté, des sans-papiers ou même des « privilégiés ». Ainsi, en tant que membre d’un mouvement luttant contre toute forme d’exclusion, et avant tout, en tant qu’humain et en tant que citoyen, nous nous déclarons d’emblée proches de tous ceux qui à un titre ou à un autre sont poussés à l’arrière du décor. Nous nous déclarons frères et sœurs de cœur de ceux-là qui par désespoir ont abandonné leurs racines et leur famille qu’ils veulent toujours soutenir.
Leurs souffrances jusqu’ici ignorées des pouvoirs politiques sont les nôtres. Lorsqu’un enfant est abandonné sur la margelle d’un puits, personne ne peut rester indifférent. Lorsqu’un être humain – même en séjour illégal – est en danger de mort, personne ne peut se retrancher derrière un article de loi pour refuser un dialogue avec lui. L’humanité de la personne passe avant l’abstraction de la règle. Toujours, quoiqu’en pensent les populistes de l’extrême droite qui agitent le spectre de marées déferlantes d’illégaux venant submerger le pays.
Tolérer de porter atteinte à la dignité d’êtres humains sous le prétexte qu’ils n’ont pas de papiers, serait tolérer une atteinte à l’humanité toute entière. Voilà le message de notre association Agir Tous pour la Dignité, voilà pourquoi nous vous soutenons, vous nos frères et sœurs nomades.