A la fin du mois de juin, Zian Zugic, militant de Molenbeek, et ami de beaucoup d’entre nous, nous a quittés.
Voici un texte qui a été rédigé pour lui rendre hommage par Vinciane Charlier
« Zian s’est battu jusqu’au bout pour être connu et reconnu. Paralysé des deux jambes depuis la naissance, obligé d’utiliser une chaise roulante puis un fauteuil électrique, la vie n’a pas été très généreuse avec lui au départ.
En plus, enfant et adolescent, il traverse chaos, violences et placements inadéquats. Pourtant cette vie-là, la sienne, il a décidé de la vivre en tentant de suivre ses désirs et ses projets ; en s’affirmant dans ses compétences et en luttant contre tous ceux qui ne croyaient pas en lui. Cette lutte, il l’a racontée dans le récit de vie qui a récemment été publié (le recueil « Visages méconnus, visages reconnus »). Pour lui, se dire par le récit est un acte de liberté. Se libérer des préjugés, des regards portés sur lui en fauteuil électrique, des a priori sur sa capacité de choisir ou de comprendre. Il est un homme libre : il sait mieux que tout autre de quoi il est capable et ce qui est bon pour lui. C’est à lui de prendre les décisions qui le concernent.
Il y a 5 ans, il rencontrait la cellule de Molenbeek d’ATD. Un lieu de confiance. Il dit que le groupe lui a apporté quelque chose de très précieux : la chaleur humaine alors qu’il se sentait pauvre de cela. C’est pour lui un espace d’action et d’expression. Anne en parlera.
Grand amateur de musique, il apprend seul à jouer du piano. Une de ses passions est de chanter dans les bars, à des soirées Karaoké. Fan de Johnny Halliday, il dit que ses chansons l’ont suivi durant toute sa jeunesse et que ses paroles et sa musique sont en résonance avec ses désirs, avec ses rêves et ses regrets.
Alors en hommage à Zian, voici cet extrait de chanson :
« J’ai goûté la violence
Oui bien avant la tendresse
J’ai connu la souffrance
L’errance et la détresse
Les illusions perdues à s’en frapper la tête
Ce que je suis je l’ai arraché à la vie
Ce que je suis je ne suis qu’un cri » «