C’est avec émotion que nous vous annonçons le décès de notre ami Philippe CASSIERS, Allié de longue date qui a mis sa formation d’avocat au service de nombreuses familles dans le Mouvement ATD Quart Monde…
Philippe est, avant tout, un véritable ami très présent dans les moments de joie et les difficultés vécus par les familles en situation de pauvreté…
Depuis de longues années, Philippe nous faisait le plaisir de partager plusieurs activités de notre groupe local à La Louvière… Nous le remercions pour tous les bons moments qu’il nous a offerts par sa personnalité joyeuse et son engagement de tous les instants…
Voici un texte d’hommage écrit par George de Kerchove qui l’a bien connu :
« Philippe, c’était un ami, un personnage et un compagnon de route.
Philippe était un ami parce qu’au fil des ans, nous avons tissé des liens d’amitié et de confiance. Si Philippe s’engageait à faire quelque chose, on pouvait être certain que ce serait fait, peut-être pas toujours de la façon dont on l’avait imaginé. Il parvenait en effet à reculer les limites de l’imaginable. Il allait au bout des choses, quoique cela lui en coûte.
Philippe était un personnage parce qu’il était là où on ne l’attendait pas. Il n’avait cure du courant dominant, mais il n’était pas pour autant du genre à se mettre systématiquement à contre-courant. Il était dans le courant des plus pauvres, qu’importe où ce courant l’emmènerait. Un exemple parmi d’autres. Nous participions à un séminaire juridique de deux jours dans le Centre du Mouvement international ATD Quart Monde situé dans la région parisienne. La première journée avait été intense. On avait souligné qu’une personne à la rue risquait de perdre jusqu’au droit d’exister.
En revenant à pied à notre logement, nous croisons une personne qui dormait sur le trottoir. Nos regards un peu gênés se croisent. Philippe s’arrête et nous dit : je reste ici, je ne veux pas d’une solidarité uniquement en parole, je passe la nuit avec cet homme.
Le lendemain, le séminaire se poursuit, Philippe qui n’avait sans doute pas fermé l’œil de la nuit, a pratiquement dormi toute la journée. Mais qu’importe, par son engagement sans limite, il a poussé les participants à aller plus loin dans leur propre cheminement.
Philippe était un compagnon de route parce qu’il donnait toujours priorité à la personne la plus fragile. Il a mis toute sa carrière professionnelle au service du justiciable le plus hors-la-loi, le plus repris par la justice. Il voyait toujours en cette personne d’abord un être humain même si la justice des hommes en faisait un criminel.
Nous avons beaucoup réfléchi sur que veut dire la justice. Avec un militant du Quart-Monde, il aurait pu dire : pour nous la justice n’est plus un rempart, elle est une menace.
Merci Philippe d’avoir ouvert des voies inédites. Merci d’avoir donné de l’espoir à ceux que d’autres condamnaient sans appel. »