Afin de mieux comprendre la pauvreté, une équipe de recherche internationale – menée par l’Université d’Oxford et ATD Quart Monde – a travaillé durant trois ans pour déterminer un ensemble de dimensions permettant de définir la pauvreté. Les résultats de cette recherche, qui repose sur une méthodologie innovante, associant les personnes en situation de grande pauvreté en tant que co-chercheurs, ont été présentés le 10 mai à l’OCDE à Paris.
« Les dimensions cachées de la pauvreté »
L’éradication de la pauvreté est le premier des objectifs de développement durable de l’ONU. Pour répondre à cet enjeu, une recherche participative internationale sur les dimensions cachées de la pauvreté, pilotée par l’Université d’Oxford et ATD Quart Monde avec le soutien de nombreux partenaires, a été menée dans six pays – trois au Nord et trois au Sud. Durant trois ans, les équipes de recherche composée à la fois de chercheurs universitaires, de professionnels et de personnes vivant en situation de pauvreté venant du Royaume Uni, de France, des États Unis, du Bangladesh, de Tanzanie et de Bolivie ont travaillé pour établir de nouvelles catégories d’analyse de la pauvreté. Davantage nourries par la vie des personnes qui en souffrent, ces « dimensions cachées de la pauvreté » mises en lumière par cette recherche ont pour but de faire avancer la pensée globale sur la nature et la mesure de la pauvreté. Objectif à long terme : contribuer à des actions de terrain plus efficaces et à l’élaboration de meilleures politiques de lutte contre la pauvreté aux niveaux national et international.
Au-delà des privations auxquelles font face les personnes en situation de pauvreté – manque de travail décent, revenu insuffisant et précaire, privations matérielles et sociales – les résultats de cette recherche font état de dimensions jusqu’alors mal définies. Qu’elles soient peu comprises voire non reconnues telles que la maltraitance institutionnelle, la maltraitance sociale, la dépossession du pouvoir d’agir ou encore le combat et la résistance face à la pauvreté, il est alors aisé de constater les multiples violations des droits fondamentaux.
L’étude fait également apparaître cinq facteurs qui peuvent modifier l’intensité de la pauvreté : l’identité, le temps et la durée, le lieu, l’environnement et la politique environnementale, les croyances culturelles.
Une méthodologie innovante : des personnes en situation de pauvreté co-chercheuses
Au total, 1091 personnes – personnes en situation de pauvreté, professionnels et universitaires – ont participé à cette recherche. En mettant en œuvre la méthodologie du Croisement des savoirs et des pratiques© développée par ATD Quart Monde depuis vingt ans, cette recherche participative a pour originalité de reconnaître les personnes en situation de précarité en qualité de co-chercheuses, à égalité avec les universitaires et les professionnels. Cette approche, qui met en confrontation différents savoirs, permet ainsi de redistribuer les rôles : les populations qui étaient l’objet de programmes de lutte contre la pauvreté pensés par d’autres deviennent sujets et source d’une connaissance indispensable pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Extraits du communiqué de presse d’ATD Quart Monde International