Le mercredi 16 mars, Zakia Khattabi, ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal est venue rencontrer le groupe local ATD Quart Monde du Pays des Vallées. Cette rencontre au cœur du domaine du Bois de Lens d’Hastière était l’occasion d’ouvrir un dialogue entre le monde politique et ces personnes, vivant souvent dans des conditions difficiles mais surtout engagées pour un monde meilleur pour tous et toutes
Dimanche 6 mars.
Réunion mensuelle du groupe ATD Quart Monde Pays des Vallées.
Nous avons reçu confirmation que la ministre en charge du climat, de l’environnement, du Green Deal et de la transition énergétique, Zakia Khattabi, viendra nous rencontrer dans le cadre d’une ‘visite de terrain’. Son équipe a pris contact avec nous et nous nous sommes mis d’accord sur l’esprit de la rencontre : un échange citoyen, dans le but de chercher ensemble comment relever les défis d’une manière telle que tous, y compris les plus pauvres et les plus exclus, puissent contribuer et y gagner.
Mais quand, durant l’enfance, on a été privé de l’accès à une instruction de qualité, pas facile de s’y retrouver, les rares infos qui atteignent les membres du groupe utilisent un langage compliqué, ne donnent pas les clés de base nécessaires à la compréhension. Alors, ensemble, on se met à échanger pour mettre en commun les éléments que chacun possède. Lorsque nous recevons, par exemple, un message qui nous parle des conséquences des gaz à effet de serre, Patrick, membre de notre cellule et jardinier, explique: sous la serre, il fait plus chaud, elle tient la chaleur. Grâce à lui, tout le monde comprend mieux ce qu’impliquent les fameux gaz. Et puis, chacun a entendu parler des incendies, de la sécheresse, des inondations… Alors les questions fusent, passion d’apprendre, passion de comprendre ! Et tous de se sentir impliqués, par la visite de la ministre, dans un enjeu planétaire.
Comprendre les enjeux, c’est une étape. Mais quelles actions locales pour relever le défi de la lutte environnementale ? On s’appuie sur des travaux menés au cours de rencontres précédentes pour l’Université Populaire Quart Monde ou le Service de Lutte contre la Pauvreté. On évoque différentes mesures engagées par différents gouvernements, mais qui semblent inaccessibles aux petits budgets : des voitures électriques ? Hors de prix tant pour l’achat que pour les recharges, d’ailleurs impossibles quand on ne dispose que d’un compteur à budget, d’une installation électrique limitée. Des voitures partagées ? Difficile à imaginer dans un milieu rural à l’habitat dispersé. L’isolation par contre semble être une bonne solution pour la planète et pour tous les habitants. Mais les primes et même le prêt à 0 % n’arrivent en fait qu’à ceux qui ont déjà des moyens, étant donné les conditions d’accès. Et beaucoup de personnes à faibles revenus sont locataires. Alors se développe l’idée qu’il faudrait obliger les propriétaires à isoler, à doter le logement d’un chauffage écologique et performant. Oui, mais comment ? Certains propriétaires ne sont guère riches. D’autres ne pensent qu’à ‘faire de l’argent’ alors qu’ils ne tireraient personnellement aucun avantage que leur logement en location soit mieux isolé… à moins de répercuter le coût des travaux sur le loyer, le rendant impayable pour les petits revenus ! On est donc bien loin d’une solution facile… : « C’est vraiment compliqué, on a besoin de continuer à y réfléchir ensemble ». Nous avions prévu une réunion de 6 heures, cela en fait 7 que nous travaillons ainsi, la fatigue a raison de nous…
Mercredi 16 mars.
Madame la Ministre Khattabi arrive à Hastière avec 2 membres de son équipe.
Pour les derniers kilomètres, un membre du groupe l’accompagne pour commenter le trajet. Elle découvre l’éloignement des services, la réalité diversifiée des multiples domaines d’habitat permanent présents sur le territoire de la commune d’Hastière.
Tous les membres du groupe l’accueillent dans le Domaine du Bois de Lens, on met en commun biscuits, thé, café… Premiers échanges informels. Caroline Cretelle, responsable ‘Plan Habitat Permanent’, apporte des éléments de contexte législatif. François Prumont, directeur du Centre Culturel, est venu avec chaises et chauffage d’appoint bien utile, car le soleil promis ne se montre pas. Johann habite le Domaine du Bois de Lens. Il guide la ministre et son équipe dans les allées. Prise de conscience de la diversité des situations : des habitats précaires font face à des chalets coquettement aménagés. Le message du Domaine est clair : il est essentiel de tenir compte de cette diversité pour pouvoir avancer avec tous.
On se retrouve sous le préau, pour un temps d’échanges un peu plus formel. Quelques autres habitants du Domaine nous rejoignent, ainsi que la syndic. Chacun se présente en fonction de son lieu de vie et de son habitat, en ‘loue-achat’, locataire, propriétaire, hébergé… En petits groupes, on prépare ce qu’on a envie de dire aux autres. Puis on travaille sur des idées d’actions à mettre en oeuvre pour améliorer la situation. : quels avantages ? Quels effets négatifs ? La réflexion n’est pas simple. Alors, la ministre prend un engagement : poursuivre la réflexion avec nous, au cours des mois à venir.
Elle repart avec son équipe, impressionnée par une réalité qu’elle a découverte concrètement et ‘par la volonté et l’engagement’ des personnes qu’elle vient de rencontrer. La dynamique de travail est donc lancée. Il faudra encore beaucoup travailler, chercher, se soutenir… pour que ceux qu’on n’entend que rarement puissent réellement contribuer dans la durée à cette dynamique citoyenne.